lundi 5 novembre 2007

WiNDoWS oN THe WoRLD



Je ne sais pas pourquoi, je dois avoir une prédisposition pour les choses affeuses...
Je fais des rêves horribles mais qui ne s'apparentent même pas à des cauchemards ... C'est affreux tout en étant très beau et très émouvant ...

J'ai imaginé hier soir, apres avoir lu quelque pages de "Windows on the world" de Frédéric Beigbeder que je me trouvais au dernier étage de la tour nord du World Trade Center quand elle a été percutée par un boeing le matin du 11 septembre 2001. Ses mots m'ont fait quasi suffoquer tellement on s'y croirait. On imagine tellement bien la détresse des gens telle qu'elle est décrite dans le livre ...
Apres m'être blottie dans mon lit j'ai fermé les yeux et j'ai pensé que j'y étais. J'étais au dernier étage du World Trade Center; et d'un coup, j'ai vu à travers les grandes baies vitrées le boeing arriver droit sur nous. La sol a tremblé. Tout le monde paniquait, essayait de sortir. Quand j'ai compris que l'avion s'était encastré dans le building, j'ai compris aussi que nous ne nous en sortirions pas. J'étais déjà morte.
Pendant que tout le monde se précipitait vers la cage d'escalier pour s'enfuir, moi, je suis restée au Windows on the world, le grand restaurant du dernier étage de la tour. Maintenant c'était plutôt "windows on the smoke". On ne voyait plus la vue incoyable sur Manhattan mais la fumée qui commençait à nous embuer le cerveau comme pour nous dire que c'est trop tard.
Toussotant à travers mon mouchoir j'allais me réfugier sous une table et je sortit mon portable. Je composait machinalement le numéro de ma mère qui n'avait pas changé depuis plus de 10 ans. Après 3 essais j'entendit enfin la tonalité. Mon coeur battait tellement fort, les bips résonnaient dans mon oreille, et pourtant je ne paniquais pas. J'avais une derniere chose à faire, il n'y avait que cela qui importait.
Et puis j'entendis la musique de son répondeur se mettre en marche, je n'aurais pas le luxe d'entendre la voix de ma mère une derniere fois. Quand ce fut mon tour de parler, je lui dit que je l'aimais, qu'elle était et qu'elle a toujours été la personne que j'ai le plus aimé. Je lui dit que j'espérait qu'elle était fière de moi autant que j'étais fière d'elle. Que jamais je n'aurais pu aimer quelqu'un plus fort qu'elle. Que je ne savais pas où j'allais maintenant mais qu'elle ne s'inquiète pas pour moi car, partout où j'irai, je ne souffrirais plus.
Je lui dit de ne pas avoir trop de chagrin, un peu quand même ... Même avant de mourir je n'ai pas perdu mon humour. Il faut qu'elle continue de vivre, pour elle, pour moi. Qu'elle réalise tous ses rêves, avant de finir comme moi ... Qu'elle va me manquer, mais que je la regarderai là ou je serai, même si j'aurais voulu un dernier câlin. Je lui dit de dire à mon frère que je n'aurais pas pu souhaiter mieux. Que c'est un homme profondément gentil et droit. Et en plus de ça très drôle ... Que je ne veux pas qu'il se laisse aller et qu'il continue son chemin avec sa petite famille ... Que je n'oublirait jamais notre enfance rien que tous les 2, tous nos jeux, tous nos secrets, l'intimité que seuls un frère et une soeur peuvent avoir. Qu'il est, avec elle, ce que j'ai de plus cher au monde ... Qu'il prenne bien soin de Yaëlle, que je n'ai pas pu voir grandir, mais je voudrais qu'on lui dise à quel point sa tatie l'aime et à quel point j'aurais voulu être là pour elle. Malheureusement le sort en à décidé autrement, elle ne me connaîtra pas mais moi je suis sûre qu'où que j'aille je la verrai et je veillerai sur elle ...
Je dis aussi à maman que je regrette de mourir, car j'aimais quand même la vie, même après tout ce qu'elle m'a fait. J'ai eu le culot d'envisager l'avenir, faut croire que je n'y avait pas le droit. Elle m'achève bien, mais elle me fait le cadeau de pouvoir délivrer une derniere parole pour les gens que j'aime. Je n'ai plus aucune haine maintenant, je n'ai aucune raison d'en avoir, je vais mourir. Donc tout ce que j'ai dans le coeur à cet instant précis c'est de l'amour, c'est le souvenir des gens que j'aime. Je n'ai plus le temps de penser à la haine même pas envers ceux à cause desquels je meurs.
Je dis à maman merci de m'avoir donné cette vie qu'on me reprend si vite, je n'ai jamais regretté ce que j'ai fait. Merci d'avoir essayé de me rendre heureuse, et si je n'avais vécu que seule avec toi et mon frère tu aurais surement réussi. Merci de t'être battue contre le monde extérieur pour moi, c'est ça qui me rend heureuse et fière de toi.
Je veux qu'elle dise à ma famille c'est a dire Papi, Mamie, Karim, Tatie, Manon, Julia, Bruno et Yvianne que je les aime, que ce sont eux ma vraie famille, que je les remercie de tout l'amour qu'ils m'ont porté et que je meurs avec leur souvenir en moi.
Je lui dis de dire à tous mes amis que je les aime, qu'ils font partie des rares personnes que je porte dans mon coeur en mourrant. Qu'ils ont toujours été là et que je suis désolée de ne pas pouvoir continuer ma vie avec eux. J'ajouterai qu'ils doivent me prendre comme exemple, arrêter de perdre leur temps car la vie est trop courte, je veux qu'ils soient heureux en faisant ce qu'ils aiment.
Dis leur que je suis toujours vivante à l'intérieur de leur coeur, que tous les moments passés avec moi sont dans leur mémoire. Dis leur que je vais rejoindre moi coeur que j'ai perdu il y a 2 ans et que je serait heureuse. Ils comprendrons.
Enfin maman chérie, je dois y aller, je crois que je ne pourrait pas penser à toi et à mon frere plus fort qu'à cet instant, j'espère que votre vie sera ce que vous vouliez qu'elle soit. Je veux que tu partages mes affaires entre mes amis et la famille ... Je t'aime maman, je t'aime.

J'ai rouvert les yeux en sanglotant et en suffocant, exactement ce que je fais en tapant ceci sur mon ordinateur ...
C'est si triste d'imaginer ça, alors que ma vie ne fait que commencer. Mais en l'immortalisant par écrit, si je meurs demain, vous saurez ce que je pense de vous ...
Merci.